Pangolin, je t’aime !
Je ne te l’ai encore jamais dit mais je t’aime !
J’aime ce que malgré toi tu représentes, c’est-à-dire le vivant et la nature. Tu es là, parmi les vivants, et tu es beau ! Tu vis et tu t’en fous. Et j’aime ça !
Nous, les êtres humains, nous sommes beaucoup plus compliqués. Nous devons, toujours et encore nous poser des questions et trouver des responsables et des coupables. Des sorcières à brûler. Plus c’est spectaculaire et plus ça nous plaît.
Et d’un coup, je t’ai découvert cette capacité que je ne te connaissais pas : tu es devenu un dictateur ! Je ne l’ai pas vu venir. Depuis deux mois on parlait dans nos journaux et nos télés de ce que tu nous avais soi-disant transmis : un virus, le coronavirus ou plus précisément le Covid-19. Ce serait toi qui serait à l’origine d’une pandémie qui a commencé dans un marché à Wuhan. Toi, qui aurait renversé tous les puissants de cette Terre pour les soumettre.
Ça m’a fait peur, tu sais. Mais il faut l’admettre : c’est impressionnant. Quel pouvoir incroyable tu nous montres, sublime pangolin ! Tous ces humains que tu as arrêté dans leurs élans, leurs ambitions et leur frénésie ! L’homo sapiens ne peut que s’incliner devant le manidae maninae.
Constater cela m’a laissé le cul par terre ou dans mon fauteuil ou près de la cuisine ou dans mon lit. En tout cas jamais très loin de ce lieu où tu m’as enfermé. Tu nous as tous enfermé et notre prétention en a pris un sacré coup ! Malheureusement nous ne sommes vraiment pas tous égaux devant cet enfermement et c’est ce que je peux le plus te reprocher.
Alors je me concentre sur tes écailles. C’est ce que je préfère chez toi et je t’aime toujours, pangolin ! Oui, je t’aime toujours autant. Tu es tellement mignon quand tu te mets en boule. Et tes petites griffes sont adorables. Ta façon d’attraper les fourmis est tout simplement admirable. Mais quand j’y pense, c’est tellement ingénieux que c’est presque diabolique. Tu ouvres tes écailles, tu les attires avec une substance mielleuse et tu les enfermes en refermant tes écailles !
Ça aurait dû me servir d’avertissement cette façon de faire. On dirait bien que tu aimes nous enfermer et nous surveiller. Tu es une créature surprenante. Alors plutôt que de t’accuser de m’avoir fait du mal, je vais te remercier. Te remercier de m’avoir appris l’humilité face à la puissance de la nature. Te remercier de m’avoir donné du temps pour me retrouver et prendre la distance qui permet d’apprécier les choses qui le méritent le plus.
Enfin pour finir, j’aimerais te poser deux questions. Contrôles-tu encore ce que tu as initié ? As-tu remarqué comme beaucoup de dirigeants parmi les humains profitent de la situation pour devenir à leur tour des dictateurs ? Eh bien, si j’avais à choisir un dictateur, c’est toi que je choisirais, pangolin, sans hésiter une seconde !
Mille baisers brûlants, pangolin, je ne tiens plus !
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